A-MERE-TU-ME mets de côté ou plutôt à côté de ta vie...
Tu ne peux complétement m'ignorer... sur 4 enfants, je suis la seule à t'avoir donné un petit-fils... comme si, de façon éperdue, j'avais recherché à t'offrir une partie de moi que tu pourrais enfin aimer... une offrande dans un papier cadeau inattendu... pigmentation de sa peau qui te l'a fait appeler "mon coeur de beur(re)" !!!
En effet, ayant délibérément quitté ton giron une année plus tôt, j'étais tombée follement amoureuse d'un homme qui, bien que berbère, est apparu à vos yeux comme "un arabe", un immigré... il avait tout quitté pour venir vivre avec moi : sans diplôme, sans emploi, sans argent !
"J'avais fait fort !" (selon votre expression) et pourtant je ne voyais pas où était le problème... être aimée, désirée par un homme qui n'avait rien ! plutôt que d'être mal-aimée, voire rejetée par un homme et une femme, mes parents, qui, cochant toutes les cases de personnes bien insérées dans la société - maison d'architecte, voitures, épargne - voulaient m'imposer ce même modèle de vie où tout est basé sur l'avoir plutôt que sur l'être, où l'amour consiste à prendre davantage soin de l'apparence, l'hygiène et de la santé que de l'émergence et l'épanouissement de l'être intérieur... d'où mon impression d'avoir été élevée comme si je n'avais été qu'un animal domestique qui aurait dû montrer toute gratitude à ses "maitres" en imitant leur mode de vie...
A-MERE-TU-ME fends le coeur...
Par ta non-assistance dans la réalisation de mon projet de vie, en l'occurrence des études de philosophie, j'ai dû suivre un autre parcours... D'un emploi à l'autre, j'ai mis du temps à trouver la place, ma place dans cet univers professionnel à 1000 lieues de tout ce qui me faisait vibrer. Persévérante et investie, j'ai fini par trouver cette place, ma place, celle qui me permet aujourd'hui de travailler sans renier mes convictions et d'être reconnue par mes pairs pour mes connaissances, mes compétences et mon expérience.
A-MERE-TU-ME fais grandir...
Encore et encore... j'ai récemment réalisé que c'est parce que j'ai éprouvé très tôt tes talents de manipulatrice, que toujours j'ai su débusquer les manoeuvres des mal-intentionné(e)s et/ou les tentatives de culpabilisation des envieux(ses) qui n'avaient d'autre but que de m'écarter de mon chemin fait de Liberté et d'Indépendance.
Tes "manipulations" de femme dans la pleine force de sa maturité, ont blessé, presqu'anéanti l'adolescente que j'étais et qui osait remettre en cause tes préceptes, toi qui as été ma maîtresse d'école en CP puis celle de mes frères et soeurs !!!
Tu as mis en oeuvre l'Artillerie Lourde pour contrer mes propos, mes actions que tu prenais pour de la défiance... sans te rendre compte que tu n'avais en face de toi qu'une enfant d'une quinzaine d'années qui cherchait, en se confrontant à l'Autorité toute puissante, à faire grandir son être intérieur. Pourtant rien de surprenant dans cette évolution qui semblait te dépasser : avant mes 6 ans, j'avais déjà contourné, involontairement et par soif de connaissance, ton potentat d'enseignante, en apprenant à lire seule.
A-MERE-TU-M'as construite... malgré toi, mal-gré moi
Tous tes actes, toutes tes réponses que j'ai parfois trouvés si cruels, sont fondateurs de la femme que je suis devenue, cette femme qu'il t'est difficile de comprendre et que pourtant tu sembles admirer, si j'écoute mon Fils.
LAU PHILO