Albert BARNES 1872-1951 est un médecin qui a conçu et commercialisé avec succès un antiseptique. Plutôt philanthrope, il a utilisé sa fortune pour collectionner des chefs-d’œuvre européens : 2000 œuvres dont plus de 180 tableaux de RENOIR. Il a exposé sa collection dans sa Fondation ouverte en Pennsylvanie, près de Philadelphie, en 1925. C’est un architecte français Paul Philippe CRET qui a participé, en 1922, à la construction de l’édifice de facture néoclassique.
En 1993, suite à des problèmes financiers, la Fondation BARNES prête 72 de ses œuvres au musée d’Orsay pour une exposition qui va durer 4 mois, d’octobre jusqu’au 2 janvier 1994.
Et c’est là que j’entre en scène…
En effet, j’ai eu la joie et le privilège de visiter cette exposition. Quel plaisir de découvrir des tableaux dont les reproductions fleurissaient dans mes manuels scolaires ou dans les ouvrages de la bibliothèque ! Quelle déconvenue ou surprise de constater que les dimensions du tableau étaient inférieures ou supérieures à celles que j’avais pris soin d’imaginer, comme si la superficie de l’œuvre participait à sa qualité ! Quelle stupéfaction devant la découverte des couleurs choisies par le peintre, alors que j’avais en tête les couleurs plutôt pâles des reproductions éditées dans mes livres d’école.
Et c’est à ce moment-là, précisément, que j’ai forgé mon opinion sur les reproductions d’œuvres d’art picturales, opinion que je vais développer ci-dessous.
Selon moi, une reproduction photographique d’un tableau ne doit pas être irréprochable, contrairement à ce que désirent les professionnels. En effet, je pense qu’une photo ou un poster ne remplaceront jamais le tableau original.
En effet, lors de l’exposition de la fondation Barnes, en découvrant un des tableaux de RENOIR, une femme nue allongée, au lieu de dire tout simplement: « je connais ce tableau », je me suis écriée : « je n’aurais jamais cru qu’il avait été ainsi peint »
En effet, j’étais assaillie par un sentiment de dégoût devant les couleurs criardes utilisées pour le corps : un rose vif, couleur cochon, qui soulignait l’aspect tendre de la chaire de cette femme, comme si je me trouvais devant l’étalage d’un boucher. Quel choc et quel plaisir à la fois, de découvrir ce qui fait le bonheur d’un collectionneur acquéreur d’une telle œuvre. En effet, il est le seul à pouvoir profiter chaque jour des couleurs de la palette de l’artiste, alors que chacun de nous se contente de s’extasier devant une pâle reproduction offerte à notre regard admirateur au détour d’une page d’un livre…
Récemment, j’ai eu l’occasion d’exposer ce point de vue à un photographe qui proposait ses services aux artistes peintres. J’ai terminé mon argumentation en ajoutant que l’acquéreur d’une reproduction se réjouira de son acquisition pour ce qu’elle représente, mais qu’il n’aura de cesse d’obtenir l’original, s’il est vraiment amateur d’art.
Sinon pourquoi avoir un original plutôt qu’un poster ?
Je n’ai trouvé, à ce jour, aucune personne pour partager mon opinion… et vous, connaissez-vous quelqu’un qui oserait penser comme moi ?
Je tiens toutefois à préciser que mon point de vue ne concerne pas la reproduction ni des sculptures, ni du spectacle vivant. En effet, une sculpture compte 3 dimensions et une photo de l’œuvre privilégie toujours un angle par rapport à un autre ou un effet de lumière et, par conséquent, la reproduction n’égalera jamais l’original. Et un enregistrement de concert ou de théâtre, aussi bon soit-il, ne remplacera jamais l’émotion du spectateur présent dans la même salle que son artiste musicien, chanteur ou comédien.
Qu’en pensez-vous ?
Lau Philo