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6 mars 2022 7 06 /03 /mars /2022 13:48

Le monde va mal...

Mon fils va mal...

Constat amer de l'après-Covid ! une période qu'on aurait pu croire rédemptrice, une période où certaines blessures, au lieu de cicatriser, sont restées des plaies ouvertes laissant apparaître déchirements intérieurs, fractures conscientes ou inconscientes qui viennent lézarder le psyché.

Est-ce que je vais mal ? That is the question...

Moi qui ai pris comme résolution pour 2022 la pratique quotidienne de l'équanimité, je me trouve alors à devoir poursuive un périple qui va durer 365 jours, un cycle de 4 saisons pour la nature, un voyage hasardeux, et peut-être précaire (tel qu'il s'est engagé depuis quelques jours) pour l'humanité...

Est-ce que je vais mal ?

Ressentir ce spleen persistant et lancinant sur lequel je surfe au quotidien, au rythme ou au gré des vagues musicales dont l'impétuosité varie selon mes inspirations,

Ressentir ce spleen qui me conduit irrémé(diable)ment vers des dérivatifs artistiques comblant mes yeux et mes oreilles de sensations absolues si douces parfois, si voluptueuses à d'autres moments,

Ressentir ce spleen auquel je dois tant de vibrations positives, est-ce m'autoriser à dire que je vais mal ?

Comme l'écrit Khalil GIBRAN dans le Prophète :

"Votre joie est votre peine sans masque. Et le puits d'où s'élèvent vos rires a souvent été rempli de vos larmes. Et comment pourrait-il en être autrement ? Plus votre peine entaille profondément votre être, plus vous pouvez contenir de joie... (la peine et la joie) Moi, j'affirme qu'elles sont inséparables. Elles arrivent ensemble, et si l'une d'entre elles est assise à votre table, rappelez-vous que l'autre dort dans votre lit."

C'est la citation que reprend d'ailleurs le philosophe Frédéric LENOIR dans son essai "La puissance de la joie" dans son chapitre 7 "La joie de vivre"/ 5ème paragraphe "La force du consentement"

dont voici un extrait :

"Le paradoxe de la joie" tel que définit par Clément ROSSET, un autre philosophe, qui explique que "d'un côté nous faisons le constat que la vie est difficile, que la souffrance est omniprésente, que le chagrin de la perte de nos êtres chers est inévitable, et, d'un autre côté, le seul fait de vivre nous met en joie." 

Prendre alors conscience que je peux aller bien même si tout va si mal, c'est cela la force du consentement ? Accepter de traverser les souffrances inévitables, "franchir les obstacles et continuer d'avancer malgré les difficultés, non pas à cause d'une quelconque rétribution divine, mais par cette mystérieuse loi de la vie qui fait que le consentement, l'acceptation de ce qui est, ouvre la porte à la joie de vivre."

Tous ces mots me coûtent tant en énergie vitale et pourtant ils résonnent dans mon for intérieur et me raisonnent également.

Une anecdote : hier, alors que ma ligne de métro connaissait de graves dysfonctionnements en raison d'un accident de personne (il faut traduire par suicide) sur les voies ferrées, j'ai échangé avec une dame qui attendait sur le quai. Elle se sentait très affectée par ce suicide et m'a raconté qu'un de ses jeunes voisins avait mis récemment fin à ses jours. Face à sa détresse si perceptible, je n'ai pu que lui répondre sans réfléchir : "Oui, le monde va mal et d'ailleurs d'une façon plus personnelle, mon fils va mal... et c'est pour toutes ces personnes qui ne parviennent plus à avoir assez de force pour vivre qu'il faut continuer d'être capable de montrer de la joie... j'ai d'ailleurs dit à mon fils que je ne me laisserai pas entrainée dans la profondeur de son mal-être, qu'il aura toujours mon écoute certes, mais que je ne cesserai de prendre, à tout prix, la vie du bon côté espérant que mon sourire lui donnera peut-être cette envie d'être un instant plus léger... il sait avoir tant d'humour."

Et bien, savez-vous ce que cette dame m'a répondu ?

Elle m'a dit avec un grand sourire plein de gratitude : "Quand je vais rentrer à la maison, je vais dire à mon mari qu'une parfaite inconnue a su me rassurer et me redonner de l'espoir."

J'ai alors senti une grande vague d'émotion m'envahir, j'ai eu des frissons dans tous mes membres... j'avais plaisir à la voir souriante mais paradoxalement, au fond de moi, je me suis soudain sentie si vide et triste, car, sans y prêter attention, j'avais donné cette petite étincelle qui me permettait justement d'aborder tous ces aléas du trafic, dont cette interminable attente, avec équanimité et il devenait alors urgent que je recharge le générateur d'étincelles... Je me suis alors extraite de ce monde abrupt en posant mon casque sur les oreilles pour me plonger dans la découverte d'un album qui vient du froid et qui m'a, après l'écoute de quelques morceaux, enveloppée de son ambiance feutrée et mélodique.

Clin d'oeil de la Vie : il porte finalement bien son titre ;-)

Pour conclure, ma façon de garder mon humanité, en cette époque sombre et chahutée où la souffrance des peuples et des individus n'a pas le même poids selon la situation géographique, 

c'est de militer pour garder et offrir, en signe de bienveillance, mon sourire, mon rire justement défini par Rabelais comme "le propre de l'Homme" !

c'est ainsi témoigner d'un profond respect pour tous ces hommes et toutes ces femmes du Monde qui côtoient et subissent au quotidien la violence, la mort des leurs, et au nom desquel(le)s il m'importe d'accueillir, avec gratitude, tout bienfait de la Vie dont ils/elles sont privé(e)s.

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