En créant une oeuvre, l'artiste s'inscrit d'abord dans un élan libérateur. Il livre à l'Autre ce qu'il ne peut garder pour lui seul et, en partageant ainsi le regART qu'il porte sur le Monde, il cherche à provoquer une émotion ou une réflexion.
Le ressenti avant la parole ou la parole avant le ressenti.
Dans le premier tableau, l'obscurité a chassé la lumière et le Christ crucifié apparaît seul sur sa croix, dans les ténèbres. Celui/celle qui regarde peut alors être envahi par le sentiment d'une profonde solitude, voire d'un abandon. Ressenti de l'artiste qui a peut-être pu se considérer comme "crucifié" par le Monde qui l'entoure ? ou bien expérience davantage personnelle ?
Les sentiments prennent le pas sur la réflexion... malaise... ou impression de se sentir enfin compris(e)....
Dans le deuxième tableau, la lumière jaillit des aspérités de la matière qui vient, tel un filtre, donner une nouvelle lecture de la croix sur laquelle fut crucifié le Christ. Celui/celle qui regarde s'interroge. Quel message véhicule cette superposition incongrue ? Quel sens peut-il être donné à cette présence inattendue d'un objet de consommation tel qu'une bouteille d'eau en plastique ?
Les mots s'entrechoquent et mènent à une réflexion avortée... ou à un message sublimé....
Ces deux tableaux sont nés du regART, de deux artistes, extrapolant la représentation du Christ crucifié sur la croix... Puis, alors que j'allais conclure sur l'antagonisme entre ces deux tableaux par rapport à la portée de ce symbole religieux, l'actualité s'est malheureusement invitée dans ma réflexion, en ce début de semaine Sainte.
Parmi toutes les images qui témoignaient de la désolation à l'intérieur de Notre-Dame, après l'incendie, je fus soudain, comme chacun(e), sidérée par cette photographie qui révélait que la croix dorée, placée au-dessus de la Piéta dans le choeur de la cathédrale, resplendissait encore "douloureuse et lumineuse, à la fois. » (a écrit un prêtre).
Née du regART de l'artiste Marc COUTURIER, la croix dorée, dépouillée du corps du Christ crucifié, ne sera plus jamais regardée comme l'oeuvre d'un artiste mais rayonnera désormais comme un SAINTbole.
LAU PHILO